LA GRANDE BLEUE
Il y aurait sûrement beaucoup à
dire et à chérir sur la mer, notre mère à
tous. Mais ce n'est pas elle que je veux évoquer ici.
Je veux parler du BSOD. L'écran bleu avec plein de codes blancs,
hermétiques et inutiles pour le commun, qui survient parfois en
cas de sévère plantage de l'ordihouinedoze.
Les initiales résument le "Blue Screen Of Death" : l'écran
bleu de la mort ! Rien que ça. Aussi me plaît-il à
imaginer que la mort serait un grand écran bleu, pas le noir absolu,
pas le tunnel blanc. La mer, le ciel ? Qu'importe, la grande bleue !
Léo Ferré a chanté la mort mieux que personne : "Ne chantez pas la mort... c'est un sujet tabou pour poète maudit... " (Ré)écoutez-la !
La mort, la nôtre propre, ou sale, pas grand chose à en dire.
C'est la mort des autres qu'on perçoit. Les proches, les lointains,
les masses lors de guerres horribles. Sauf si c'est par vieillesse, par
accident ou par maladie, c'est la cause d'un meurtre.
Qui sont les meurtriers ? La plupart du temps, nous les zhumains, ou alors
des bêtes sauvages qu'on est souvent allé titiller. Je n'ai
encore pas reçu de tigre chez moi.
Et le contraire, nous sommes les meurtriers des zanimaux. "Oh pas
moi !" vous insurgerez-vous. "Je les respecte trop !"
A voir, qui n'a pas tué d'insectes simplement par peur d'être
piqué ou simplement "embêté", c'est-à-dire
sans raison valable pour terminer une vie ?
Oui, nous avons donné la mort ! Est-ce que la mort d'un moustique
ou d'une mouche ressemble à un grand écran bleu ? Pourquoi
pas, qu'en savons-nous ? On parle de la vie, on n'en sait pas beaucoup,
et la mort encore bien moins.
Alors loin des certitudes et du raisonnable, imaginons. Laissons nous fondre dans le grand écran bleu de la mort, oublions les autres couleurs qui ne seraient que des faire-valoir de notre cobalt futur. Bleu partout, comme notre planète. N'est-ce pas bien plus sympathique que tout ce qu'on dit jusqu'alors ? J'ai déjà milité (tout seul) pour l'anticyclone permanent, je militerai, toujours tout seul, pour la grande bleue. Rejoignez-moi tant qu'on est vivants.